L’âge de Pierre

PRÉFONTAINE-EN-HAUT – Caroline rêvait d’avoir son oncle Pierre pour prof de plein air. Elle avait 8 ans, il en avait 60, et elle ne voyait pas comment cela allait être possible. Il était déjà si vieux et elle était si petite ! Sans y croire, la nièce demanda quand même au frère de son père d’être là quand viendrait son tour, à elle, d’être son élève.

Il lui en fit la promesse.

Une dizaine d’années ont passé.

Samedi dernier, derrière les fenêtres embuées de la cabane à sucre de la Bergerie du Mouton noir, dans le rang Brunet de Sainte-Agathe-des-Monts, une quinzaine de cégépiens avalaient joyeusement leur repas avant l’obscurité car ils allaient remonter à l’alpage pour leur deuxième nuit de camping d’hiver.

Parmi eux, une certaine Caroline…

Caroline Zizian-Gougoux et son oncle bien-aimé Pierre Gougoux. PHOTO RICHARD CHARTIER
Caroline Zizian-Gougoux et son oncle bien-aimé Pierre Gougoux. PHOTO RICHARD CHARTIER

La jeune femme s’est approchée de son oncle pour voir ce qui fumait sur son réchaud. « Un chow-mein au tofu », lui a-t-il confié avec autant de fierté que s’il s’était agi d’un boeuf Wellington ; la mixture, extraite d’un contenant de crème glacée recyclé, s’enrichissait des restes séchés du gruau du matin. Caroline vivait son rêve d’enfant car elle était bien au nombre des élèves du professeur Pierre Gougoux, son oncle bien-aimé et figure légendaire de la forêt et du monde québécois de l’enseignement.

Il avait tenu sa promesse.

Samedi dernier, Pierre Gougoux avait 70 ans et ne savait toujours pas quand il partira à la retraite. Samedi dernier, le vieux gourou continuait de faire ce qu’il fait depuis 50 ans : donner à la jeunesse le goût de jouer dehors.

Du Métropolitain à l’Atlas

Cinquante ans, cela nous ramène aux années 1960.

afficheMoutonNoir

Dans une école primaire voisine du boulevard Métropolitain, l’enseignant joue au football avec les jeunes. Plus tard, il organise des fins de semaine en montagne avec les élèves de l’école secondaire Saint-Henri. Pierre Gougoux, bien inspiré par l’Exposition universelle qui « met Montréal sur la mappe du monde » ( pour reprendre l’expression du maire Jean Drapeau ), s’en va enseigner les mathématiques et la physique au Togo de 1967 à 1969, y ajoutant bien entendu ses marches de santé ; « Emmener des jeunes gravir une montagne puis la redescendre dans un pays où les gens vivent dans la nature pour survivre, c’était spécial », avoue celui qui n’allait pas renoncer en si bon chemin.

De retour à l’école Saint-Henri puis à Pointe-Saint-Charles, il commence à emmener les ados au Mont Washington – en camping d’hiver, en randonnées cyclistes, en ski nordique, en trekking – avec la complicité d’une directrice allumée à la Commission scolaire. Bientôt, sa réputation le précède. En 1976, le cégep André-Laurendeau ouvre ses portes, mais il n’a pas d’installations sportives à offrir à ses ouailles. Ses anciens élèves – déjà ! – suggèrent à la direction d’appeler à la rescousse le spécialiste de l’éducation physique sans gymnase. « Ils sont venus me chercher », raconte-t-il. Pendant une bonne quinzaine d’années, André-Laurendeau n’a pas eu de gymnase et les profs d’éduc emmenaient les élèves bouger dans les centres sportifs des alentours tandis que Gougoux les trimbalait en montagne, dans les centres de ski de fond, dans des parois d’escalade ou leur faisait traverser le champ, derrière le grand bâtiment, pour les emmener jouer au parc Angrignon.

Quelques ados d'André-Laurendeau, sur la route du développement durable. PHOTO RICHARD CHARTIER
Les élèves de Pierre Gougoux sur la route du développement durable. PHOTO RICHARD CHARTIER

Il y a eu choc, il y a eu résistance, le « système » d’éducation a mis bien du temps à assimiler ce « corps étranger », mais le missionnaire avait « la vocation » auraient dit nos grand-mères, et jamais il n’a dévié de ce chemin tortueux dans lequel il entraînait à sa suite des ados en runnings et en warmers de coton, tout droit sortis des salons d’une civilisation qui se détache de la nature et de son essence profonde. C’est dans la nature, a toujours pensé le sage, que se gagnent les combats pour la santé, mentale autant que physique, le développement durable, la solidarité humaine.

Avec pour seul manuel une idée toute simple, non pas celle de sortir les jeunes de la rue, mais plutôt de leur faire franchir le Rubicon pour se rendre dans la forêt.

Au fil des années, Pierre Gougoux a inventé des folies – comme La Traversée des Laurentides, une équipée de ski à la dure qu’il a lancée il y a bientôt 40 ans et qui a vu apparaître des complices comme Robert Londéi, lui aussi grande pointure et valeureux prof de plein air – et il a organisé des voyages sous d’autres cieux – les Alpes, le Val d’Aoste en particulier, l’Amérique du Sud, l’Himalaya, l’Atlas du Maroc, sans oublier la lointaine Gaspésie – au point de devenir une sorte d’agence de voyages à rabais. Bien entendu, il faut aimer l’aventure et ne pas avoir peur des défis, mais personne ne peut battre les forfaits qu’il propose encore. Le prochain, tenez, d’une durée de deux semaines en juin, propose un « Trekking en vélo au pays des Berbères », 2200 $ absolument tout compris : avion, transport local, location de vélos sur place, encadrement, repas, hébergement ( dans les familles là où il n’y a pas d’auberge ), immersion culturelle.

L'heure du souper à la cabane à sucre de la Bergerie du Mouton noir. PHOTO RICHARD CHARTIER
L’heure du souper à la cabane à sucre de la Bergerie du Mouton noir. PHOTO RICHARD CHARTIER

Bon an, mal an, depuis près d’un demi-siècle, entre 400 et 500 jeunes ont été initiés aux activités de grande nature par cet enseignant non conventionnel. Disons autour de 25 000 élèves devenus à leur tour grands-pères ou grand-mères. « C’est arrivé souvent qu’un jeune me dise que son père ou sa mère ou sa tante avait été un de mes élèves », raconte Pierre Gougoux. S’il s’attarde encore, il pourrait bien un jour entendre parler des grand-parents !

Le 4 mars 1943

Soixante-dix ans, cela nous ramène au 4 mars 1943.

PHOTO RICHARD CHARTIER
PHOTO RICHARD CHARTIER

Rue Saint-Denis près de Fleurimont, troisième étage. Un logement où Pierre a vécu les six premières années de sa vie ; trois frères, un papa dans l’enseignement – souches savoyardes et écossaises –, une maman Francoeur pure laine. Puis une maison rue Tolhurst, dans le nord de la ville, un terrain pour jouer, le hockey dans la rue, un bon voisinage, des garçons qui étaient alors pleins d’avenir, si l’on en juge maintenant : André, aujourd’hui 71 ans, amateur de plein air, professeur de médecine à l’Université de Montréal, spécialiste en néphrologie et chercheur ; François, 68 ans, médecin de famille à Rivière-du-Loup ; Louis, 60 ans, enseignant de français à la retraite, toujours actif en aide pédagogique, passionné de plein air, travaille pour la conservation des pistes du réseau de Sainte-Adèle, père de Caroline.

Une grande fête a lieu au cégep André-Laurendeau le 16 avril pour souligner les 70 ans de Pierre Gougoux et les 50 ans de son enseignement.
Une grande fête a lieu au cégep André-Laurendeau le 13 avril pour souligner les 70 ans de Pierre Gougoux et les 50 ans de son enseignement.

La famille avait un chalet d’été à Mont-Rolland. C’est là que Pierre a entendu l’appel de la forêt. « Ce chalet a été un déclencheur, raconte l’oncle de Caroline. À 20 ans, j’ai décidé d’y aller en hiver… » Aujourd’hui, ce chalet appartient à Louis qui possède en ville une maison à quelques minutes du cegep André-Laurendeau…

Le gourou Gougoux dans son gymnase. PHOTO RICHARD CHARTIER
Le gourou Gougoux dans son gymnase. PHOTO RICHARD CHARTIER

Pierre voulait se faire missionnaire. « J‘ai d’abord voulu devenir un père Blanc pour voyager et faire de l’éducation dans des pays défavorisés. Je suis allé au collège Grasset, j’ai fait le cours classique, j’ai fait les démarches et tout. Mais rien, autour de moi, ne favorisait cette idée, et mon père était contre ce projet. Il m’a proposé d’entrer à l’école normale, j’ai accepté avec l’idée d’y aller pour réfléchir pendant un an ; c’est là que j’ai rencontré une Gaspésienne, Monette Tremblay, dont je suis devenu amoureux et avec qui je suis parti enseigner en Afrique.»

S’il n’a pas revêtu la soutane, Pierre Gougoux n’en est pas moins devenu un missionnaire du plein air, prouvant dès lors qu’il avait de la suite dans les idées, sinon une tête dure. Le prof ne voulait pas d’un gymnase emmuré et il en a choisi un qui s’appelle dehors, un gymnase soumis aux caprices de la nature et des saisons, un gymnase qui favorise le développement du corps, de l’esprit et de la personnalité.

Une chouette balise entre le petit plateau d'automne et l'alpage. PHOTO RICHARD CHARTIER
Une chouette balise entre le petit plateau d’automne et l’alpage. PHOTO RICHARD CHARTIER

Sans doute parce qu’il menait une bonne vie, il a trouvé dans les années 1970 le domaine de ses rêves, un lopin de terre au pied d’une pente dont personne ne voulait, chemin Brunet, qu’il a pu acheter pour une bouchée de pain puisque les taux d’intérêt oscillaient alors dans les 20 %. C’est dans ces 72 acres qu’il a érigé son royaume, un lieu de partage et de pâturage – car il fallait bien que le berger dans l’âme s’accomplisse. Il y a élevé les enfants qu’il a eus avec Monette Tremblay : Stéphanie, aujourd’hui médecin, et Thierry, gestionnaire de capital humain.

Il y a une dizaine d’années, il s’est rendu en Colombie avec sa compagne Myriam Tison dans le but d’adopter deux enfants. Ils en ont ramené quatre ; Arturo et ses trois soeurs – Omaira, Claudia et Elisabeth – et la plus grande, Sylvana, est venue les trouver il y a quatre ans, portant le compte final à cinq. Deux missionnaires…

Le royaume vu de la cuisine du berger... PHOTO RICHARD CHARTIER
Le royaume vu de la cuisine du berger… PHOTO RICHARD CHARTIER

L’immense pelouse qui grimpe jusqu’à la forêt, derrière la maison, a toujours été soigneusement tondue par les moutons, et on ne s’étonnera pas que Gougoux ait baptisé son royaume La Bergerie du Mouton noir. À vrai dire, on croirait un petit village car il s’y trouve aussi une cabane à sucre, deux refuges dans les hauteurs, des kilomètres de sentiers et, depuis peu, un gazebo où le maître aime bien aller dormir, hiver comme été. Sans oublier l’étable où caquète et braie la ménagerie, et la maison elle-même, renipée façon savoyarde où Pierre, quand il y passe la nuit, s’emmitoufle près d’une fenêtre ouverte, même par -20°. Un lieu de partage que valide un espace de stationnement pour plusieurs véhicules ; manière de dire au monde « venez et marchez ». Une facture profondément chrétienne même si personne ne se rappelle avoir vu le Pierre en question à genoux…

PHOTO RICHARD CHARTIER
PHOTO RICHARD CHARTIER

Il a donné à ce lieu un nom, Préfontaine-en-Haut. « Pas loin d’ici, il y a Préfontaine-en-Bas, souligne-t-il. Je me suis dit, tiens… » Ne cherchez pas sur la carte ce village imaginaire, pourtant si réel.

Vingt-cinq mille élèves plus tard

Cinquante ans plus tard, Pierre Gougoux est toujours le prophète d’une foi inébranlable, le plein air est toujours une option en éducation physique au cégep André-Laurendeau. Vingt-cinq mille élèves plus tard le prof ne sait toujours pas quand il ira à la retraite – quoique ses genoux très usés lui chuchotent deux, trois ans peut-être – et il n’est plus seul ; des profs de plein air il y en a d’autres, des programmes du même bois au collégial et dans des écoles secondaires, on en trouve.

Trek au pays des sherpas, à l'hiver 2006-2007. Pierre Gougoux emmène un groupe de 34 personnes au Kala Pattar (5600m)en face de l'Everest.
Trek au pays des sherpas, à l’hiver 2006-2007. Pierre Gougoux emmène un groupe de 34 personnes au Kala Pattar (5600m) en face de l’Everest.
Le Val d'Aoste, dans le nord francophone de l'Italie, a vu passer Pierre Gougoux et ses ouailles. PHOTO RICHARD CHARTIER
Le Val d’Aoste, dans le nord francophone de l’Italie, a vu passer Pierre Gougoux et ses ouailles. PHOTO RICHARD CHARTIER

Sachez que cet émule de Khalil Gibran, d’Edmund Hillary, de Babu Chiri, d’A.S. Neill, est souple comme un 2 x 4 et qu’il donne aussi des cours de yoga ! Et les soirées au coin du feu – sans alcool et sans fumée – revisitent le répertoire québécois lorsque le prophète sort la guitare et que la table du refuge devient tam-tam. L’euphorie de la fraternité – et un bon tapioca des montagnes avant de dormir –, il faut goûter ça au moins une fois dans sa vie…

Pierre Gougoux rêve encore : « T’imagines un peu, si tous les cours d’éducation physique au Québec étaient donnés dehors, si tous les jeunes faisaient une activité au grand air, dans la nature, plutôt que de respirer de l’air vicié à l’intérieur ? L’hiver, l’été, l’automne, dehors, t’imagines ? »

Le refuge de l'alpage, là où la porte du plein air s'est ouverte pour des milliers de jeunes. PHOTO RICHARD CHARTIER
Le refuge de l’alpage, là où la porte du plein air s’est ouverte pour des milliers de jeunes. PHOTO RICHARD CHARTIER

La réponse est dans la question, n’en doutons point. Concevoir le plein air comme discipline académique, c’est sortir le gymnase dans la nature, c’est rapprocher l’humain de ses origines, c’est réinventer le système de santé. C’est donner une chance incroyable à des citoyens qui n’auront pas besoin de dépenser de l’argent pour se recréer, se nettoyer l’esprit et le corps, se développer, aimer la vie, aimer leur vie. Tout ça, Gougoux le croit jusqu’au plus profond de son âme, et cela se vérifie dans chacun de ses gestes.

Finalement, Pierre Gougoux aura bien déjoué les objections de son père. Il aura été un missionnaire toute sa vie, et le goût de jouer dehors, la joie de faire partie de la nature, il en aura fait une religion.

Mais le pâturage va survivre au berger, s’il faut paraphraser le grand livre, preuve merveilleuse qu’il ne faut jamais renoncer à une idée lumineuse.

Que oui, un seul homme peut changer le monde !

PHOTO RICHARD CHARTIER
PHOTO RICHARD CHARTIER

 

 

12 commentaires sur « L’âge de Pierre »

  1. Pierre est une légende dans le milieu du plein air. Bonne idée de lui rendre ce petit hommage pour ses 70 ans! Combien de vocations a-t-il suscitées ??? Merci pour son travail de pionnier.

  2. Un bel hommage à notre Gougoux national! Aussi fondateur avec Robert Londéi de la Traversée des Laurentides, une épique aventure en ski hors-piste qui en sera à sa 40e édition en janvier 2014!
    J’avais d’ailleurs découvert cette aventure à travers les écrits de Richard (Chartier) dans ses articles de La Presse en 1988-1989. Le temps passe, le plein-air a fait bien des petits!

  3. Bonjour Richard,
    Quel bel hommage à Pierre! C’est vraiment super, vraiment « Pierre » et émouvant aussi. Bravo!
    On se voit bientôt!
    mj

  4. Gougoux le gourou, c’est le souvenir de la plus belle de toutes mes aventures de plein air. C’était le trek au Kala Pattar de 2006-2007. Le gars en haut à droite avec une tuque Boréale et la barbe poivre & sel. Notre chanson de ralliement lors de ce trek: « Emmenez-moi » de Charles Aznavour que Gougoux nous interprétait chaque soir sur sa guitare. Nos sherpas capotaient! Pour moi, c’est le pape du plein air au Québec. Je ne serais pas surpris qu’un jour, il ait eu une conversation avec quelqu’un de très haut placé qui lui ait dit:  » Tu es Pierre et sur cette pierre, tu feras s’épanouir le plein air… » Joyeux 70, Gougoux! Je t’emmène mes fils, bientôt, pour qu’eux aussi puissent attraper la piqûre du plein air administrée par le pape lui-même.
    Martin Smith

  5. Juste et Merveilleux Richard!
    Juste merveilleux!
    Une vocation! Qui a trouvé son catalyseur en Pierre.
    Je dois à une semblable rencontre, Jacques Duhoux au Séminaire de Sherbrooke, la superbe tribu qui mieux que ma famille stimule mon cerveau limbique. Bravo Pierre pour ces merveilleuse graines qui poussent si bien 😉

  6. C’est avec émotion que j’ai pris connaissance de certains faits… Préfontaine-en-Haut… j’ai toujours cru que c’était un endroit officiellement connu de tous!

    Pierre a non seulement réussi à initier des milliers de jeunes au plein air, dont moi-même, mais il a également une approche avec les jeunes qui leur est nouvelle: il responsabilise leur propre apprentissage.

    Merci Pierre, merci Richard.

  7. Un souvenir impérissable, nouvelle arrivante de ma Roumanie natale, mont Washington et des chansons québécoises (pierre Gougoux à la guitare) qui m’ont charmée. Cela a fait beaucoup pour la connaissance de l’âme québécoise, beaucoup plus que les discours. Il nous a aussi emmenés en cours d’escalade à Val David. Enfin, les mots sont peu de choses. Monsieur Gougoux laisse partout sur son passage des traces lumineuses !
    Longue vie, cher professeur !

  8. J’ai été une étudiante de Pierre à la Pointe St-Charles et j’ai fait un camping d’hiver et le Mont Washington. Que de souvenirs extraordinaires ! Nous avons vécu des expériences de groupe tellement enrichissantes. Que dire de ces moments de détente lorsque Pierre chantait en grattant sa guitare !!!

    Bon anniversaire cher Pierre…et surtout bonne et longue vie !

  9. Pierre… Pierre… Aucun merci ne serait assez grand. Pierre a planté une petite semence dans ma vie, au détour d’un cour d’éducation physique obligé du CEGEP (1986-1989) « dehors au lieu d’être pris à faire du Gymnase et ces satanés sport de balon et d’équipe, avec réglement et … ». Donc, oui, j’avais une certaine curiosité, quelques bribes de vagues souvenir ou micro-essais, ou … envies de mon enfance… Mais surtout l’opportunité de me « sauver » du Gym… En bonis, un cour inter-session = le rêve=pas de 15x3h. 3h de plus à flâner dans une semaine déjà pas trop chargée (sc-pure…). Miracle… J’ai mordu à l’amçon, me suis fait prendre au jeu. J’ai eu du « fun de gang », que un gars qui trippe-pas sport-d’équipe n’as pas habituellement, et j’ai même eu le trip de « performer », car le ski de randonné (que c’était), et bien.. avec un bon prof (Pierre et son adjudant du moment) et une bonne écoute, et bien…. 99% mr. !!! en gym… jamais j’aurais pensé avant… Mais surtout… donc…. c’est resté comme une si belle expérience que j’ai récidivé, été (vélo) comme hiver (le même cour, juste pour le « fun »… … la suite ??? à 46 ans, sans avoir été un athlète émérite, j’ai cumulé des dizaines et dizaines de sorties, jusqu’à.. hier, de plein-air, avec toujours un souvenir en angle-mort pour PIERRE. Même cette satanée TDL (traversée des laurentide), où j’ai quasimement laissé ma peau sur la 2ième journée de 65kms… Ben ça été, je crois, la première fois que je me dépassait, pour pas dire re-re-re dépassait. Après ça, tu m’aurais mis sur le chemin de 1000kms pour se rendre queq-part, je m’y serais rendu… J’ai pris confiance en moi, pour vrai, à jamais. Sans cet adon, d’être tombé sur lui… J’ose imaginer une vie pas mal moins remplie, moins palpitante. Je suis conscient que l’effet n’a pas dû être aussi prononcé sur la majorité, tandis qu’une minorité-fine, a dûe se transformer en défoncés du plein-air. Quelques-uns n’y voyaient rien d’intéressant qu’un 60% à gagner, au début, de ceux-là, encore quelques-uns n’en sont ressorti qu’avec un … crédit d’école… Mais même-là, je peu pas savoir, mais je devine qu’ils ont encore ça en souvenir, plus que le match de volley du cour d’éduc du cegep. Avec l’obésité qui gagne du terrain, l’innactivité en général, le Stress-quotidien, la déconnexion total avec l’environnement, la nature, qui nous a pourtant portée depuis le tout début, des millions d’années, sauf depuis même pas 100 ans… bonyenne, ces cours devraient être « moussés », et au secondaire aussi ???? entéka, c’est un autre sujet. Merci, merci, merci Pierre. Je ne sais pas si la vie va nous donner l’occasion de se serrer la pince, et qui sait, peut-être aura tu un vague souvenir? Tu m’avais prêté un paire de ski, à la TDL, pour la deuxième journée, car mes fixations (3tr.) n’avaient pas résister à la descente du Mt.Tremblant, un petit « short-cut » qu’on avait fait, comme on avait perdu bcp de temps avant, avec le manque de neige et de balise, on avait fait les « bords de chemin » au lieu de la trail, puis fait le Lac sur la glace à 80% (pas de prise pour les sks), etc… Et à la deuxième journée, le 65kms… j’étais arrivé à la Cuillère à Pot à peine assez tôt pour pouvoir manger, un petit-peu avant la présentation du film sur Jack-rabbit, sur lequel je me suis endormi, épuisé, pour pas dire …. mort de fatigue. Mais j’ai fait la dernière journée quand-même, courte et en descente (relatif), et ça s’était terminé un peu sur le « plat », au sens figuré, sans tambour ni trompette… Mais quelle aventure !! J’ai jamais réussis, je pense, à faire vivre 1/5ième de ce que ça avait été, en le contant par la suite. Bon, ben… je vais continuer à regarder, ça et là, sur le Net, et qui sait… En attendant, en espérant que tu croiseras ce message, ou qu’il te sera relayé… Denis Gervais, (André Laurendeau, 1986-1989).

  10. Magnifique texte Richard. Toujours un plaisir de te lire et même de te relire (ça fait deux fois que je fais la lecture de ce billet! et j’en ai éprouvé encore plus de plaisir que la première fois). C’est un peu comme l’amour on dirait! À bientôt cher ami et dis bonjour à ta douce de ma part.

  11. Bonjour Pierre, j’ai eu la chance de vivre avec toi une activité au mont Washington dans les années 1972-1973 au secondaire, Pointe-Saint-Charles. J’avais 17 ans et aujourd’hui, à 64 ans, je me souviens de tout, tu reculais ta montre pour qu’on marche plus longtemps. Toute l’attention que tu apportais à chacun de nous ne m’a laissé que de beaux souvenirs. Merci !

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